Dimitrie Cantemir
(1673-1723)
Le prince moldave représentant de l’ Illuminisme
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Informations bibliographiques
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Dimitrie Cantemir (né le 26 septembre 1673 en Moldavie et mort le 21 août 1723 en Russie) est le fils du prince moldave Constantin Cantemir. Au début du XIIIe siècle, il fait la transition entre le prince humaniste modelé par la Renaissance et le prince philosophe des «Lumières».
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Ce prince de Moldavie, Dimitrie Cantemir, est considéré le précurseur du mouvement des «Lumières» qui désigne, sous forme d'une métaphore, le courant intellectuel, philosophique ou littéraire du XVIIIe siècle qui prône l'usage de la «raison éclairée», fondée sur la connaissance rationnelle et l'idée de liberté.
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Homo Universalis
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Dimitrie Cantemir est le plus important érudit de la culture roumaine pendant le XVIIIe siècle, un véritable homo universalis. Il possède des connaissances solides dans de nombreux domaines. Il est: géographe, historien, linguiste, philosophe, ethnologue, musicien, musicologue et homme politique. De plus, il est un bon théologien et s’intéresse à la littérature et aux mathématiques. V.G. Belinski, critique russe dit sur le Dimitrie Cantemir qu’il «aimait étudier l’histoire, il était habile en philosophie et avait des connaissances étendues en architecture». Hormis cela, le prince moldave manifeste un intérêt particulier pour la logique et la métaphysique. En ce qui concerne la musique, il compose des aires et systématise les rythmes de la musique turque.
Il faut mentionner que Dimitrie Cantemir représente le symbole de la culture roumaine dans l’ouverture universelle. Cette affirmation repose sur l’élection du prince moldave comme membre de l’Académie de Berlin en 1714 pour ses mérites scientifiques et littéraires. Néanmoins, en devenant membre de cette Académie, Dimitrie Cantemir apporte la culture orientale filtrée par sa conscience d’européen.
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En outre, une preuve de l’importance de sa personnalité est la figuration de son nom entre ceux de Leibniz et Newton sur le fronton de la Bibliothèque Sainte-Geneviève à Paris.
Les inscriptions sur le fronton de la Bibliothèque Sainte-Geneviève à Paris
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Polyglotte
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Ensuite, la personnalité multilatérale de Dimitrie Cantemir est démontrée par le côté polyglotte du prince moldave. On dit qu' à maturité, il connaissait douze langues étrangères, parmi lesquelles: le grec, le latin, le slavon, l’arabe, le turc, le persan. De plus, il connaît assez bien le français et l’italien.
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De surcroît, la maîtrise des langues étrangères lui a permis de rédiger de nombreuses œuvres dans les langues de circulation internationales de cette époque-là et de faciliter ainsi leur promotion parmi les intellectuels d’Orient et d’Occident. Toutefois, Dimitrie Cantemir écrit des œuvres en latin, grec, moldave et russe.
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L’universalité de sa création
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Après avoir détaillé la personnalité de Dimitrie Cantemir que George Călinescu, critique roumain, appelle «notre Lorenzo Medici» en faisant référence à son importance dans la culture roumaine, on présentera la reconnaissance européenne de ses œuvres surtout par les érudits français.
Tout d’abord, ses premiers travaux littéraires dans le domaine de l’éthique, de la métaphysique et de la logique posent les fondements de la philosophie roumaine. Parmi les plus importantes on rappelle: «La Cour Suprême où la querelle du sage avec le monde, ou le jugement de l’âme avec le corps», «Sacrosanctae scientiae indepingibilis imagio» («L’image impossible à peindre de la science sacrée»,1700), «Compendiolum umiversae logices institutionis» («Agrégé de logique générale», 1700-1704). Les deux premiers ouvrages traitent aussi des rapports entre les connaissances rationnelles. De plus, le langage comme système rationnel est considéré par le prince moldave comme «la clé de la philosophie».
Néanmoins, une autre œuvre très connue est «Descriptio Moldaviae», monographie géographique unique à l’époque,avec des implications historiques, sociales, politiques, ethnographiques et culturelles, une véritable encyclopédie de la Moldavie.
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Ensuite, parmi les contemporains qui ont fait l’éloge de Dimitrie Cantemir il y a le géographe français Joseph Nicolas Delisle, le savant allemand J. P. Kohl et les hommes de lettres grecs I. Cacavelas et M. Skendos.
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Pourtant, Voltaire est le premier grand écrivain européen dont les préoccupations et les circonstances ont mis en un contact spécial, voire intime avec la vie et l’activité de Cantemir. On doit mentionner qu’aux yeux de celui-ci , le prince moldave apparaît comme personnalité historique dans «l’Histoire de Charles XII» et «l’Histoire de la Russie sous Pierre le Grand») et comme une source d’information dans « l’Essai sur les mœurs».
Ensuite, le premier contact de Voltaire avec l’œuvre de Dimitrie Cantemir s’effectue par l’intermédiaire d’Antioch, le fils du savant moldave, qui était à cette époque-là ambassadeur de Russie à Paris. Dans une des lettres d’Antioch à Voltaire, il écrit : «J’en use de même, monsieur, avec vous par la présente en vous assurant que je suis très sensible aux attentions que vous témoignez à la mémoire de mon père. (Paris, mars 1739)». Par cette phrase on peut comprendre que Voltaire a eu un lien spécial avec Cantemir et son œuvre. On ne connaît que deux lettres de Voltaire concernant œuvre de Dimitrie Cantemir.
De plus, Voltaire rend hommage à la mémoire de Cantemir, non seulement en écrivain qui cherche la vérité, mais aussi comme philosophe en lutte contre le fanatisme, donc comme un érudit éclairé. Cependant, le public roumain découvrira l’opinion que le philosophe français s’est fondé sur le prince moldave comme prince éclairé et aussi comme orientaliste de prestige seulement à la fin du XVIIIe siècle, par la traduction roumaine, en 1792, de «l’Histoire de Charles XII» par Gherasim Clipa, archimandrite de l’église métropolitaine de Iassy. Il disait aussi sur lui «il réunissait les talents des grecs anciens, la science des lettres et celle des armes».
Voltaire (n.1694-m.1778)
Hormis cela, tandis que Voltaire invoque l’œuvre de Cantemir pour démontrer dans l’esprit des Lumières, la tolérance ottomane, un autre grand écrivain français, Victor Hugo qui utilise le même ouvrage pour blâmer au nom de la démocratie, la barbarie et le despotisme.
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Ensuite, une autre personnalité de l’espace français, l’abbé Prévost, traducteur de «l’Histoire de l’Empire Ottoman» en français, fait des remarques caractéristiques de l’esprit des Lumières «Indépendamment de sa naissance et de ses actions, le prince Démétrius Cantemir méritait cet article à titre d’homme de lettres». Ces mots montrent bien l’appréciation du traducteur français à l’égard de l’œuvre littéraire du prince moldave. Donc, si par Voltaire Dimitrie Cantemir pénètre dans la conscience littéraire de l’Europe des Lumières, par l’abbé Prèvost, le nom du plus important humaniste roumain s’inscrit pour la première fois dans le domaine des belles-lettres en Occident.
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L'abbé Prévost
Jean-Louis de Carra
La personnalité de Dimitrie Cantemir était très connue par les érudits d’Occident et de l’Est, dans leurs écritures sur les Principautés. Un ce ces érudits, Jean-Louis de Carra, journaliste et révolutionnaire français qui publie en 1777 «Histoire de la Moldavie et de la Valachie» où il rédige un essai de synthèse sur l’histoire et la géographie des Principautés en accordant beaucoup d’attention aux familles de nobles.
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Pour conclure, grâce à sa personnalité multilatérale, Dimitrie Cantemir a été considéré par Voltaire et l’Académie de Berlin comme prince éclairé de la Moldavie. Ainsi, il est devenu non seulement le premier ambassadeur roumain de taille universelle dans la République des Lettres, mais aussi un précurseur de la lutte d’aujourd’hui pour une Europe unie.