Mircea Eliade (1907-1986)
Historien des religions, philosophe, mythologue et romancier roumain
La formation intelectuelle
Mircea Eliade est né en 1907 à Bucarest en Roumanie, d’un père officier de l’armée de terre roumaine, Gheorghe Eliade et de Jeana. Adepté de l’Église orthodoxe roumaine, Gheorghe Eliade déclara la naissance de son fils quatre jours avant la date réelle, afin de la faire coïncider avec la fête des Quarante martyrs de Sébaste du calendrier liturgique. Après des études primaires à l’école de la rue Mântuleasa, Eliade fréquenta le Collège national Spiru Haret de Bucarest. Parmi ses condisciples figuraient le futur philosophe Constantin Noica et l’ami de celui-ci, le futur historien de l’art Barbu Brezianu. Enfant, Eliade était fasciné par le monde naturel, qui forme le décor de ses toutes premières tentatives littéraires, ainsi que par le folklore roumain et par la foi chrétienne telle que vécue par les paysans. Dès l'âge de treize ans, le jeune garçon écrit son premier article dans un journal de vulgarisation scientifique, l'ennemi du ver à soie, suivi quelques mois plus tard d'une nouvelle fantastique Comment j'ai découvert la pierre philosophale. Il s'intéresse très tôt à la philosophie, à la philologie et à l'étude des langues étrangères. Etudiant en philosophie à l'université de Bucarest, le jeune homme se lie d'amitié avec Cioran et Eugène Ionesco. A vingt et un ans, Eliade part en Inde étudier les religions orientales. Il séjourne trois ans à Calcutta où il rencontre Gandhi. Ce voyage sera pour lui une véritable initiation, qui marquera ses travaux ultérieurs. De retour à Bucarest, il obtient son doctorat avec une thèse soutenue en 1933 et publiée en 1954 sous le titre ”Le yoga, immortalité et liberté”. L'écrivain étudie la présence des mythes chez l'homme et les phénomènes religieux à travers la diversité des cultures. Il est nommé ensuite attaché culturel auprès de la légation de Roumanie à Londres puis devient conseiller et responsable de presse à l'ambassade de Roumanie située à Lisbonne.
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À l'automne 1945, après la seconde guerre mondiale, Eliade s'installe à Paris et Georges Dumézil l'invite à la cinquième section de ”l'École Pratique des Hautes Études” pour présenter les premiers chapitres de ce qui deviendra plus tard son ”Traité d'histoire des religions”. Le public français le connait surtout grâce à son essai "Le Mythe de l'éternel retour" (1949) et en 1956, il fait paraître son ouvrage le plus célèbre, "Le Sacré et le Profane"
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En octobre 1956, il déménagea pour les États-Unis. En 1966 il devient membre de ”l’Académie américaine des arts et des sciences” et est également appelé à diriger ”l’Encyclopedia of Religion”. Considéré comme l'un des fondateurs de l'histoire moderne des religions, Mircea Eliade meurt à Chicago le 22 avril 1986. Le prix Bordin de l’Académie française en 1977, et le titre de ”docteur honoris causa” décerné par l’Université de Washington en 1985, seront les derniers honneurs académiques qui lui seront conférés.
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André Breton et Gaston Bachelard ne cachent pas leur émerveillement et leur admiration pour les œuvres d'Eliade.
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Le journal d’André Gide est fascinant avec tout ce qui se rapporte au métier de l'écrivain. Nous trouvons des pensées de l'écrivain Eliade qui reflètent des éléments de comparaison entre l’espace culturel français et l’espace culturel roumain: «Je me demande si le lecteur français -quel que soit son degré de culture- vibrera comme nous à chaque élément concret de la vie quotidienne de Bucarest dans la quatrième décennie. (…)L'effervescence culturelle des Romains ne peut être comparée à la stérilité de cette époque en France.»
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Mircea Eliade est considéré comme l'un des fondateurs de l'histoire moderne des religions. Eliade élabora une vision comparée des religions, en trouvant des relations entre différentes cultures et moments historiques. Au centre de l'expérience religieuse de l'homme, Eliade situe la notion du « Sacré ».
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Sa formation d'historien et philosophe l'a amené à étudier les mythes, les rêves, les visions, le mysticisme et l'extase.
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Vers la fin du XXe siècle, quelques textes d'Eliade nourrissent la vision gnoséologique de mouvements religieux, apparus avec la contre-culture des années 1960.
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En 1953 Eliade publia « Les mythes du monde moderne », un essai très remarqué qui expliquait que la lecture quotidienne de l'homme du XXe siècle prolonge les activités mythologiques de l'ère des religions déistes.
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Peu après leur parution, les romans et nouvelles de Mircea Eliade furent souvent la cible de traitements satiriques : ainsi, avant qu’ils ne deviennent amis, Nicolae Steinhardt, en publia-t-il plusieurs parodies.. Plusieurs auteurs, dont Ioan Petru Culianu, ont dressé un parallèle entre la pièce Rhinoceros d’Eugène Ionesco, de 1959, qui appartient au théâtre de l'absurde et met en scène la population d’une petite ville en proie à une métamorphose collective, et l’impact qu’eut le fascisme dans l'entre-deux-guerres sur certains des proches amis d’Ionesco, parmi lesquels Eliade.
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Dans les dernières années du régime de Nicolae CeauÈ™escu, la pièce de théâtre Iphigenia figura de nouveau dans les programmes des théâtres ; en janvier 1982, une nouvelle version, mise en scène par Ion Cojar, eut sa première au Théâtre national de Bucarest, avec dans les rôles principaux Mircea Albulescu, Tania Filip et Adrian Pintea. Parmi les œuvres d’Eliade adaptées au théâtre, citons encore : ”La Èšigănci”, qui fit l’objet de deux adaptations, ”Cazul Gavrilescu” (« l’Affaire Gavrilescu »), mis en scène par Gelu Colceag et représenté au théâtre Nottara, et une pièce homonyme du metteur en scène Alexandru Hausvater, dont la première eut lieu au théâtre Odeon de Bucarest en 2003 (avec notamment Adriana Trandafir, Florin Zamfirescu et Carmen Tănase dans la distribution). En septembre de cette même année, la metteuse en scène et auteur dramatique Cezarina Udrescu réalisa un spectacle multimédia inspiré d’un certain nombre d’œuvres écrites par Mircea Eliade lors de son séjour au Portugal ; intitulé Apocalipsa după Mircea Eliade (« l’Apocalypse selon Mircea Eliade »), le spectacle, interprété par Ion Caramitru, Oana Pellea et Răzvan Vasilescu, eut lieu dans le cadre d’un festival culturel organisé par la radio publique roumaine. Du récit DomniÈ™oara Christina furent tirés deux livrets d’opéra, le premier, de même titre, est l’œuvre du compositeur roumain Șerban Nichifor et connut sa première représentation en 1981 sous l’égide de la radio publique roumaine et le second, intitulé ”La señorita Cristina”, fut écrit par le compositeur espagnol Luis de Pablo et joué pour la première fois en l’an 2000 au Teatro Real de Madrid.
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Si la littérature roumaine a connu une forte influence française, les idées ont circulé dans les deux sens. Ainsi, de nombreux écrivains et intellectuels roumains ont eu vocation à écrire en français, par amour de la langue, ou à s'établir sur le territoire français par diverses raisons. Mircea Eliade est certainement, l'une des personnalités les plus importantes de la littérature universelle, qui a marqué à travers ses expériences dans l'espace français, la spiritualité partagée entre les deux pays, la France et la Roumanie.
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